Le temps de l’édition étant ce qu’il est, ça faisait un moment que je n’avais pas eu de parution à annoncer. Je suis donc ravi de vous signaler qu’est sorti hier La rage des dragons d’Evan Winter, premier livre de fantasy de la collection Rivages/Imaginaire. Je suis d’autant plus ravi que c’est un roman que j’ai adoré traduire.

Premier tome de ce qui est parti pour être une tétralogie de fantasy, La rage des dragons prend place dans un monde d’inspiration africaine (Winter a grandi en Zambie, où vivaient ses ancêtres Xhosa). On y suit la vie de Tau, jeune combattant en formation appartenant au peuple des Oméhis, en guerre perpétuelle contre leurs voisins les Hédénis dont ils ont envahi les terres près de deux siècles plus tôt.

Tau n’a pas vraiment envie de devenir un guerrier, mais dans la société de castes rigide et ultramilitariste qu’est celle des Élus (le nom que se donnent les Oméhis), il n’a pas vraiment le choix. Alors qu’il essaie de trouver une façon d’échapper au front, une tragédie frappe sa famille, et rejoindre l’armée devient alors la seule façon pour lui d’assouvir son désir de vengeance.

Vous l’aurez compris, on a ici affaire à de la fantasy épique pur jus, qui fait la part belle à des combats très rythmés, à des moments poignants, mais aussi à un univers complexe et à des personnages convaincants. Cette fantasy sort également du lot grâce à l’imaginaire que déploie Winter, pour créer lequel il a pioché dans l’histoire et les traditions de différents pays d’Afrique. Il a ainsi abouti à quelque chose d’aussi personnel qu’intéressant à traduire.

Et pour cause : comme toujours avec les univers secondaires (donc distincts du nôtre, qu’il s’agisse de fantasy ou de science-fiction), il y a tout un lexique à s’approprier et à réinventer en français.

L'arbre des castes en anglais

L’arbre des castes en anglais

Plusieurs exemples :

  • la société oméhie est composée de plus d’une dizaine de castes, autant de noms pour lesquels trouver le mot juste, et qui sonne ! Et sans doublons…
  • l’anglais n’accorde jamais les noms des peuples, Omehi et Hedeni. Mais qu’en faire en français ? Est-ce que la fidélité à l’original ne risque pas de donner un résultat confus ?
  • et quid de l’orthographe de tous les mots empruntés au zulu (isihogo, ihagu, indlovu…) ? Faut-il les garder tels quels, ou employer une transcription phonétique, solution adoptée historiquement en français (et donc écrire zoulou plutôt que zulu) ?

Et tout ça sans parler du worldbuilding discret, du style très dynamique auquel il faut rendre justice, et de bien d’autres choses qui ont constitué un travail passionnant.

La rage des dragons est donc disponible dans toutes les bonnes librairies, et j’espère que vous prendrez autant de plaisir à le lire que j’en ai eu à le traduire.

Vous trouverez d’autres infos (chroniques, etc.) sur la page du livre dans mon portfolio