Aujourd’hui, j’aimerais vous dire deux mots d’une petite traduction dont je ne suis pas peu fier car elle me permet d’apporter ma petite pierre à un monde foisonnant : celui du jeu de rôle indépendant. Mais avant d’en parler, un peu de contexte.
Si vous avez mon âge (presque quarante ans, Dieu que le temps passe vite), vous vous rappelez peut-être une époque où ce loisir était vilipendé et faisait l’objet de paniques médiatiques aussi justifiées que rationnelles (pas du tout, donc). Mais aujourd’hui, la culture geek est devenue cool (et représente un marché massif), et faire du jeu de rôle, soit se raconter des histoires collaboratives plus ou moins structurées autour d’une table (ou par internet), n’est plus tabou. Fer de lance de cette popularité nouvelle, l’indétrônable Donjons et Dragons possédé par le mastodonte financier Hasbro est devenu pour beaucoup synonyme de jeu de rôle sur table (notamment grâce à la série Stranger Things).
Cependant, tracer un signe égalité entre Donjons et Dragons et le jeu de rôle, ce serait un peu comme dire que le Marvel Cinematic Universe est synonyme de cinéma. C’en est certes une version très populaire (avec ses qualités et ses défauts), mais ce n’est pas la seule. De la même façon que tous les films ne doivent pas inclure des super-héros, des effets spéciaux fort coûteux et une abondance de références, tous les jeux de rôle n’incluent pas nécessairement un maître du jeu, des dés avec beaucoup trop de faces et un univers médiéval fantastique. Il existe des jeux de rôle situant leur action dans une foule d’univers, réalistes ou non, avec des règles complexes ou très simples, dans lesquels la narration est guidée par un·e seul·e ou partagée entre toustes. Bref, comme je l’ai dit plus haut, c’est foisonnant, et passionnant.
Et c’est là que j’en reviens à ma traduction récente : La Nuit des Porcs-Vivants (Night of the Hogmen en version originale). Créé par Marsh Davies et Jim Rossignol, ce bref scénario vous met dans la peau de voyageurs qui, par une sombre nuit pluvieuse dans le nord de l’Angleterre du 18e siècle, ont un accident de calèche et doivent fuir une horde de monstres porcins. D’où sortent ces monstres, me direz-vous ? Ils seraient le fruit d’une catastrophe magique qui a frappé la région quelques années plus tôt et créé une zone où se trament des choses mystérieuses et contre-nature. Si vous voulez en savoir plus, vous devrez jouer à TEETH, leur premier jeu complet paru en 2023, dont l’atmosphère pourrait être décrite comme le mélange grotesque, aussi drôle qu’horrifique, entre Jane Austen, STALKER et The Witcher.
Une proposition fort alléchante, donc, mais seulement disponible en anglais, ce qui, vous en conviendrez, est fort dommage. J’ai donc saisi ma plus belle plume mon merveilleux clavier et, avec l’aide de ses créateurs, j’ai traduit en français le scénario introductif de cet univers unique : ma traduction est disponible sur leur page.
Même si vous n’avez jamais fait de jeu de rôle, ce bref livret contient tout ce dont vous avez besoin pour passer une succulente soirée en compagnie d’amateurs et amatrices d’histoires horrifiques. Si leur monde vous plaît, et que vous lisez l’anglais, je vous recommande à nouveau chaudement de vous plonger dans TEETH. Et si jamais vous en voulez encore et que vous n’êtes pas insensible à l’appel du grand large, leur prochain projet, GOLD TEETH, transpose cet esprit grotesque mâtiné de magie occulte dans… les Caraïbes ! Ce qui donnerait, à les en croire, le Master and Commander des Monty Python tel que dépeint par Jérôme Bosch. Comment résister ? Ne résistez pas… allez soutenir leur projet sur Kickstarter…
Quant à moi, il semblerait qu’il me reste quelques pages grotesque à traduire. Alors à bientôt ! En espérant que je sois toujours moi-même la prochaine fois…