James Grady – Le dernier grand train d’Amérique

J’aurais pu écrire un billet sobre annonçant simplement la parution de ce roman. Ceci n’est pas cet article.

Ça y est, il est là ! Le premier roman que j’ai traduit sort aujourd’hui. C’est-à-dire que vous allez pouvoir vous rendre dans une vraie librairie, y ouvrir un vrai livre et y lire mon nom sur la page de titre ET la quatrième de couverture — et éventuellement l’acheter avec du vrai argent, ça c’est vous qui voyez. C’est peut-être un détail pour vous, mais moi je ne cesse de m’émerveiller que ce soit devenu ça, mon métier. Il y a presque deux ans jour pour jour, Rivages Noir me proposait de m’essayer à traduire ce livre que j’avais lu pour eux et aujourd’hui… il existe bel et bien, avec la très belle couverture que vous voyez ci-dessus.

Année nouvelle et vœux pas si pieux

Tchou-tchou, 2024 !

J’ai l’impression d’avoir commencé tous les billets de ce blog en m’excusant de ne pas y écrire plus souvent. Voici donc ma seule et unique résolution bloguesque pour cette nouvelle année (qui est double, voyez comme je transige déjà) :

  • Arrêter de m’excuser de ne pas écrire plus.
  • Écrire plus.

Voilà qui devrait marcher.

Mais venons en au vif du sujet. À propos de publication, je peux enfin annoncer la sortie prochaine du premier roman que j’ai traduit : Le dernier grand train d’Amérique, de James Grady (paru en version originale en 2022, sous le titre très sobre de This Train).

AdventureX !

Logo AdventureX

La prospection n’est pas toujours la partie la plus gratifiante de mon quotidien de traducteur indépendant. Mais parfois, elle est extrêmement enthousiasmante. C’était le cas lors de ma visite au salon du jeu narratif qui s’est tenu à Londres les 4 et 5 novembre derniers : AdventureX.

Évènement organisé par et pour des passionnés, AdventureX réunit chaque année depuis 2011 les grands noms de la narration vidéoludique pour des conférences portant sur des thèmes variés. Parmi celles auxquelles j’ai assisté cette année, il y en eut ainsi par exemple sur l’utilisation de l’Histoire comme source d’inspiration créatrice (Sagar Beroshi), la représentation des affections médicales en jeu vidéo (Marina Sciberras) ou encore les façons dont il est possible de mettre en jeu le réel tout en lui rendant justice (Chella Ramanan). À chaque fois, j’en suis ressorti avec beaucoup trop de notes, et un regard nouveau sur les choses.

06/23 – Quelques nouvelles

J’ai commencé l’année en me disant « allez, tu essaies de poster un billet par mois sur ton quotidien de traducteur, ce sera intéressant et ça ne devrait pas te prendre trop de temps ». Ça n’a pas eu lieu. Voici donc quelques nouvelles en vrac, arrachées au quotidien susmentionné, qui a été plus rempli que prévu :

1/ J’ai rendu ma première traduction de roman ! Je ne peux encore rien en dire, ce qui est terriblement frustrant (cf. illustration ci-dessous), mais je suis content de mon travail. Maintenant, j’attends les retours de la maison d’édition. Avec une sérénité toute relative.

Carlo Dolci, Allégorie de la patience, 1677.
Carlo Dolci, Allégorie de la patience, 1677. Elle a l’air d’être au bout de sa vie.

Noémie Grunenwald – Sur les bouts de la langue

Couverture du livre de Noémie Grunenwald, "Sur les bouts de la langue - Traduire en féministe/s"
(La Contre Allée, 2021 ; collection Contrebandes)

Trois mois que j’ai fini ce livre, et ce n’est que maintenant que je me résous à écrire ce billet. Sur les bouts de la langue m’impressionne. Non pas que ce soit un texte inapprochable, comme peuvent l’être certains grands classiques de la traduction (« la tâche du traducteur » de Benjamin, par exemple). Au contraire, l’essai de Noémie Grunenwald est écrit dans une langue simple, accueillante. Mais il n’est certainement pas dénué de profondeur, et il fait quelque chose d’important. Ce bref billet n’y rendra sûrement pas justice, mais j’espère qu’il vous donnera envie de le feuilleter.

Loups-garous et traduction

Il y a des auteurs qu’on adorerait traduire, et Stephen Graham Jones est l’un des miens. Je l’ai découvert lors de mon stage de fin d’études aux éditions Rivages, en 2021, quand on m’a demandé mon avis sur The Only Good Indians : fallait-il le traduire ? Ma réponse a été positive et enthousiaste : cet hommage au slasher qui parle de la condition amérindienne contemporaine est une perle, aussi brute dans le ton que sa langue est ciselée. Un an et quelque plus tard, c’est chose faite : Un Bon indien est un indien mort est sorti, et salué par la critique.

Un an plus tard

School’s out forever!

C’est bientôt la rentrée des classes ! Et pour la deuxième fois seulement en plus de trente ans, je ne suis pas concerné. Je termine en effet ma première année en tant que traducteur indépendant, et l’heure est au bilan (et à quelques nouvelles plutôt joyeuses).

#L10n

Derrière ce titre énigmatique, se cache l’abréviation désignant l’activité qui m’a occupé ces derniers mois : la localisation (L + 10 lettres (si si, comptez-les) + n — malin, non ?) Mais qu’est-ce donc ? Il s’agit principalement du nom donné à la traduction de logiciels, jeux vidéo ou sites web. Pourquoi lui donner un nom différent ? Parce que s’il s’agit dans les grandes lignes d’un exercice de traduction, avec toute l’adaptation culturelle que cela suppose, la localisation a des spécificités techniques, sur lesquelles je vais revenir brièvement.

Lexinomicon

Lexinomicon - VF - Détail.

J’ai beau avoir brièvement travaillé dans l’industrie du livre et savoir qu’il s’agit d’un produit comme un autre, j’ai toujours une certaine révérence pour l’objet lui-même. Le Lexinomicon, jeu de rôle en une page créé par Grant Howitt et Becky Annison, nous propose de désacraliser cet objet une bonne fois pour toutes.

Pronoms de Dieu

J’aimerais vous parler sur ce blog des traductions sur lesquelles je travaille, à la fois pour montrer la cuisine interne que cela sous-entend et pour me forcer à exposer mes choix de façon claire et ainsi mieux me – et peut-être vous – convaincre de leur pertinence. (À un instant t, évidemment : on a toujours à redire quand on revient sur un texte après quelque temps.)

Commençons donc par ma traduction de fin d’études : The Breath of the Sun (Aqueduct Press, 2018), par Isaac Fellman. Ce livre m’a donné du fil à retordre à plus d’un titre, et je ne savais pas trop quel extrait proposer ici. La croisade éphémère (et malhonnête) contre le pronom « iel » (très bien démontée dans cette video de la chaîne Linguisticae) m’a donné un passage tout trouvé, puisque j’y utilise moi-même ce fameux pronom.