Il y a quelques semaines, je vous parlais des réseaux sociaux, et de comment je voulais m’en défaire pour que mon auto-promotion ne dépende plus des lubies de grands patrons. Dans un même mouvement de, disons, dégooglisation au sens large, je me suis dit que j’allais essayer d’étendre cette attitude au reste de mes outils de travail. C’est donc l’occasion de faire le point dans ce petit billet sur ceux que j’utilisais quotidiennement en tant que traducteur de l’anglais, et ceux que j’utilise désormais.
Blog
Réseau(x)
En tant qu’indépendant en début de carrière, on est un peu toujours obligé de faire son autopromo, de veiller à sa visibilité, etc. Les réseaux sociaux semblent un bon outil pour cela. Par exemple, pour tous les écrivaillons et autres plumitifs dont je fais partie, un réseau de microblogging tel que X (ex-Twitter) a longtemps paru incontournable. Mais comme chaque outil, il n’est pas neutre, et son évolution récente est plus qu’alarmante.
Et pour cause : en début de semaine, le 20 janvier, a eu lieu l’investiture de Donald Trump à la présidence des États-Unis, et l’arrivée au gouvernement du milliardaire d’extrême droite Elon Musk (qui, pour rappel, soutient l’AfD en Allemagne et fait des saluts nazis pour « témoigner son amour au peuple américain »). Voilà pourquoi le mouvement HelloQuitteX, initié par des membres du CNRS, a choisi cette date pour encourager à un grand départ de X, que Musk a racheté en 2022. Désormais membre du gouvernement états-unien, le milliardaire a en effet encore moins de comptes à rendre à la justice, et peut librement manipuler l’algorithme du réseau à ses fins politiques nauséabondes. En effet, sous couvert de « liberté d’expression », ce dernier est noyé de discours extrémistes et autres faux comptes qui le rendent peu ou prou inutilisable. Par ailleurs, pour certains, rester sur X, c’est aussi ne pas s’opposer à la dérive fascisante de Musk. C’est pourquoi un certain nombre de grands médias ont fait le choix de le quitter.
Alors quitter X, pourquoi pas, mais pour aller où ?
Récap 2024
La troisième année de ma vie de traducteur touche à sa fin (déjà !), et elle a été riche de projets intéressants et de belles promesses. Pêle-mêle :
La Nuit des Porcs-Vivants
Aujourd’hui, j’aimerais vous dire deux mots d’une petite traduction dont je ne suis pas peu fier car elle me permet d’apporter ma petite pierre à un monde foisonnant : celui du jeu de rôle indépendant. Mais avant d’en parler, un peu de contexte.
Si vous avez mon âge (presque quarante ans, Dieu que le temps passe vite), vous vous rappelez peut-être une époque où ce loisir était vilipendé et faisait l’objet de paniques médiatiques aussi justifiées que rationnelles (pas du tout, donc). Mais aujourd’hui, la culture geek est devenue cool (et représente un marché massif), et faire du jeu de rôle, soit se raconter des histoires collaboratives plus ou moins structurées autour d’une table (ou par internet), n’est plus tabou. Fer de lance de cette popularité nouvelle, l’indétrônable Donjons et Dragons possédé par le mastodonte financier Hasbro est devenu pour beaucoup synonyme de jeu de rôle sur table (notamment grâce à la série Stranger Things).
Actualités quasi-muettes
En attendant des billets plus juteux, je vous en dis autant que je peux sur mon actualité de ces derniers mois :
- J’ai traduit ma première BD ! Le tome 3 de la trilogie Monte-Cristo de Jordan Mechner et Mario Alberti. C’était un travail très intéressant en raison du contexte visuel, des contraintes de places etc., qui n’est pas sans me rappeler mon boulot quotidien en localisation de jeu vidéo.
- Je suis devenu le secrétaire de l’ATLF, Association des Traducteurs Littéraires de France, où j’aide à la hauteur de mes capacités à améliorer notre condition collective. J’y travaille avec des gens formidables !
- J’ai fini de traduire mon deuxième roman, mais je ne peux pas en parler.
- Je suis au travail sur un troisième roman, mais je ne peux pas en parler.
- J’ai traduit ou contribué à la traduction de plusieurs projets de jeux vidéo, mais je ne peux pas en parler.
Presque l’impression d’être agent secret.
Mais je vous en dis plus bientôt ! (Pour de vrai, ce coup-ci.)
L’arme noble d’une époque civilisée
En tant que traducteur, j’ai coutume de dire que je me vois plutôt comme un artisan que comme un artiste. Et s’il y a quelque chose qui caractérise un bon artisan, c’est qu’il utilise les bons outils. Mais quels sont-ils, ces outils du traducteur ? Réfléchissons :
- Un logiciel de traitement de texte
- Des dictionnaires (unilingue, bilingue, techniques, de synonymes, d’argot, de jurons, d’onomatopées… TOUS les dictionnaires)
- Un correcteur orthographique
- Des ouvrages de référence (glossaires, manuels en tous genres…)
- Une encyclopédie en ligne
- Un outil de TAO ?
Une intelligence artificielle générative(Pourquoi pas ? Lisez ceci.)
J’ai déjà tout cela et j’en fais un usage régulier. Est-ce tout, cependant ? Non ! Ce serait oublier le plus fondamental d’entre eux, et celles et ceux qui ont l’œil affûté et apprécient mon talent pour la retouche d’image discrète l’ont deviné : il s’agit bien du clavier. (Car non, je ne traduis pas au stylo, le trouvant dangereusement dépourvu de fonction sauvegarde.)
Le clavier, donc. Mais pas n’importe lequel.
James Grady – Le dernier grand train d’Amérique
J’aurais pu écrire un billet sobre annonçant simplement la parution de ce roman. Ceci n’est pas cet article.
Ça y est, il est là ! Le premier roman que j’ai traduit sort aujourd’hui. C’est-à-dire que vous allez pouvoir vous rendre dans une vraie librairie, y ouvrir un vrai livre et y lire mon nom sur la page de titre ET la quatrième de couverture — et éventuellement l’acheter avec du vrai argent, ça c’est vous qui voyez. C’est peut-être un détail pour vous, mais moi je ne cesse de m’émerveiller que ce soit devenu ça, mon métier. Il y a presque deux ans jour pour jour, Rivages Noir me proposait de m’essayer à traduire ce livre que j’avais lu pour eux et aujourd’hui… il existe bel et bien, avec la très belle couverture que vous voyez ci-dessus.
Année nouvelle et vœux pas si pieux
J’ai l’impression d’avoir commencé tous les billets de ce blog en m’excusant de ne pas y écrire plus souvent. Voici donc ma seule et unique résolution bloguesque pour cette nouvelle année (qui est double, voyez comme je transige déjà) :
- Arrêter de m’excuser de ne pas écrire plus.
- Écrire plus.
Voilà qui devrait marcher.
Mais venons en au vif du sujet. À propos de publication, je peux enfin annoncer la sortie prochaine du premier roman que j’ai traduit : Le dernier grand train d’Amérique, de James Grady (paru en version originale en 2022, sous le titre très sobre de This Train).
AdventureX !

La prospection n’est pas toujours la partie la plus gratifiante de mon quotidien de traducteur indépendant. Mais parfois, elle est extrêmement enthousiasmante. C’était le cas lors de ma visite au salon du jeu narratif qui s’est tenu à Londres les 4 et 5 novembre derniers : AdventureX.
Évènement organisé par et pour des passionnés, AdventureX réunit chaque année depuis 2011 les grands noms de la narration vidéoludique pour des conférences portant sur des thèmes variés. Parmi celles auxquelles j’ai assisté cette année, il y en eut ainsi par exemple sur l’utilisation de l’Histoire comme source d’inspiration créatrice (Sagar Beroshi), la représentation des affections médicales en jeu vidéo (Marina Sciberras) ou encore les façons dont il est possible de mettre en jeu le réel tout en lui rendant justice (Chella Ramanan). À chaque fois, j’en suis ressorti avec beaucoup trop de notes, et un regard nouveau sur les choses.
06/23 – Quelques nouvelles
J’ai commencé l’année en me disant « allez, tu essaies de poster un billet par mois sur ton quotidien de traducteur, ce sera intéressant et ça ne devrait pas te prendre trop de temps ». Ça n’a pas eu lieu. Voici donc quelques nouvelles en vrac, arrachées au quotidien susmentionné, qui a été plus rempli que prévu :
1/ J’ai rendu ma première traduction de roman ! Je ne peux encore rien en dire, ce qui est terriblement frustrant (cf. illustration ci-dessous), mais je suis content de mon travail. Maintenant, j’attends les retours de la maison d’édition. Avec une sérénité toute relative.
