Loups-garous et traduction

Il y a des auteurs qu’on adorerait traduire, et Stephen Graham Jones est l’un des miens. Je l’ai découvert lors de mon stage de fin d’études aux éditions Rivages, en 2021, quand on m’a demandé mon avis sur The Only Good Indians : fallait-il le traduire ? Ma réponse a été positive et enthousiaste : cet hommage au slasher qui parle de la condition amérindienne contemporaine est une perle, aussi brute dans le ton que sa langue est ciselée. Un an et quelque plus tard, c’est chose faite : Un Bon indien est un indien mort est sorti, et salué par la critique.

#L10n

Derrière ce titre énigmatique, se cache l’abréviation désignant l’activité qui m’a occupé ces derniers mois : la localisation (L + 10 lettres (si si, comptez-les) + n — malin, non ?) Mais qu’est-ce donc ? Il s’agit principalement du nom donné à la traduction de logiciels, jeux vidéo ou sites web. Pourquoi lui donner un nom différent ? Parce que s’il s’agit dans les grandes lignes d’un exercice de traduction, avec toute l’adaptation culturelle que cela suppose, la localisation a des spécificités techniques, sur lesquelles je vais revenir brièvement.

Pronoms de Dieu

J’aimerais vous parler sur ce blog des traductions sur lesquelles je travaille, à la fois pour montrer la cuisine interne que cela sous-entend et pour me forcer à exposer mes choix de façon claire et ainsi mieux me – et peut-être vous – convaincre de leur pertinence. (À un instant t, évidemment : on a toujours à redire quand on revient sur un texte après quelque temps.)

Commençons donc par ma traduction de fin d’études : The Breath of the Sun (Aqueduct Press, 2018), par Isaac Fellman. Ce livre m’a donné du fil à retordre à plus d’un titre, et je ne savais pas trop quel extrait proposer ici. La croisade éphémère (et malhonnête) contre le pronom « iel » (très bien démontée dans cette video de la chaîne Linguisticae) m’a donné un passage tout trouvé, puisque j’y utilise moi-même ce fameux pronom.